Cap sur Sumatra. Cette immense île indonésienne tout au Nord de l’archipel. Ici nous venons chercher de la nature, de la jungle, des volcans et surtout de l’aventure ! On va être servies !

 

Nous mettons rapidement les voiles sur le village de Ketambe au milieu de la jungle. Ici, un village c’est plutôt une route avec quelques baraques assez cradosses de part et d’autre. Les villes et villages n’ont pas vraiment de charme, pas de quoi flâner dans les ruelles... Filons vite dans la jungle ! A notre guesthouse, la plus charmante du quartier, nous y organisons un trek de 3 jours à la rencontre des orangs-outans. Chaussettes par-dessus le pantalon pour se protéger des sangsues, accompagnées de Oudin et Nasir qui seront nos guides et cuisiniers pour ces 3 jours, nous voilà en pleine jungle tropicale, cernées d’arbres immenses, de lianes, de fourmis géantes, entendant au loin les cris des singes et des toucans. Dès le matin, nous verrons un premier groupe d’orangs-outans d’assez loin, c’est déjà impressionnant de voir ces grosses masses oranges se mouvoir de branche en branche. L’après midi, avec Oudin, nous ferons la rencontre d’un gros mâle qui prend sa pause déjeuner. Il s’approche de nous, avec ses grands bras. On distingue ses mains, ses doigts, il est agile et magnifique. On passera un moment à le regarder, à le suivre doucement, silencieux et admiratifs. Peu de temps plus tard, nous tomberons nez à nez avec un autre mâle un peu énervé. Tout d’un coup il s’est mis à secouer un tronc d’arbre et tous les guides nous ont crié de courir vite vite vite ! On n’a pas vraiment compris ce qu’il se passait, seulement qu’il y avait danger et pas d’autre option que de détaler fissa fissa ! Quelques secondes plus tard, un arbre gigantesque s’est effondré pile là où nous étions tous les 3, dans un vacarme sourd, un grondement comparable au tonnerre. Quelques secondes de silence, puis tout le monde s’est mis à rigoler ! Ouf pas de victime. L’orang-outan nous a bien rappelé qui était le maître ici ! Ok, compris ! En fin d’après midi, c’est baignade dans la rivière avec vue sur quelques petits macaques qui jouent dans les branches. Le lendemain, cap sur les sources chaudes. Nous installons notre campement au bord de la rivière puis allons nous prélasser dans les bassines d’eau chaude. Super agréable, toujours en plein milieu de la jungle. Tout d’un coup, l’eau devient plus froide et le courant plus intense… Tout le monde se lève, et rebelote, tous les guides se mettent à crier de sortir de l’eau vite vite vite ! Le courant s’intensifie vraiment et la rivière devient dure à traverser. Il pleut en amont et l’eau monte. On regagne notre tente pour se mettre au sec, mais la pluie s’intensifie, et nous ne sommes pas bien rassurées. On garde un œil sur la rivière qui n’est qu’à quelques mètres. Oudin se veut, lui, rassurant, après tout c’est lui le guide non ? On s’installe pour le repas, chacun vaque à ses occupations, écriture pour nous, sculpture de figurines en bois pour Oudin et cuisine au feu de bois pour Nasir… à la frontale et sous la pluie ! Quand tout d’un coup, c’est reparti, Nasir nous somme de déguerpir… vite… vite… vite ! L’eau est au pied de la tente, son feu a été englouti ! On remballe nos affaires en 4ème vitesse et on monte sur une petite restanque. Il est 21h, il fait nuit noire, il pleut fort, nous sommes en plein milieu de la jungle avec les serpents (mortels !!) et sans abri. On mange notre dîner tout mouillé en regardant notre campement se faire engloutir par la rivière en quelques minutes. Les garçons nous construisent une tente de fortune, en plein sur le chemin, eux ils dormiront dans la grotte avec les araignées. Pfou, quelle nuit ! Le lendemain matin l’eau est redescendue, nous savourons nos délicieux banana pancakes en observant à quel point la force de l’eau a fait bouger tous les énormes cailloux. On a eu chaud ! Au moins ça laisse des souvenirs (« Full memories » nous répète Oudin en rigolant…) ! Ah, on a voulu la jungle experience, on l’a eu ! Allez, suffisamment d’aventures pour le moment, merci Ketambe, au revoir !

 

Moins de 200 km à l’Est se trouve la ville de Berastagi. 200 km certes… mais ça nous vaudra 6h de mini bus, bondé, enfumé, avec musique à l’Indonésienne à fond, à te casser littéralement les oreilles. On ne comprend toujours pas le plaisir… Bref… Berastagi, c’est le gunung Sibayak, ce volcan fumant qui culmine à 2200m. Depuis le sommet nous aurons vue sur le gunung Sinabung, volcan très actif dont la dernière éruption date de juin dernier : accès interdit ! Dommage, ce cône parfait au loin dans le paysage nous attire follement. Le Sibayak vaut quand même son pesant de cacahuète avec ses paysages lunaires au sommet.

 

Le lac Toba, au loin plus au Sud, nous tend les bras, besoin et envie de repos : c’est le lieu idéal parait-il. Nous partons donc à la rencontre de la culture Batak. Les Batak sont un peuple chrétien, ce qui signifie pas de mosquée !!! On va pouvoir enfin dormir et ne plus se faire réveiller à 4h du mat’ ! Notre petit hôtel est très cosy et notre terrasse propice à la contemplation des allées et venues des bateaux et canoës sur le lac : quel repos ! Les maisons Batak sont splendides ! La forme du toit en pointes est remarquable, la pointe arrière serait plus haute pour signifier, qu’au sein de la famille, les enfants sont plus importants que les parents. Nous nous arrêtons devant une maison particulièrement belle. Le propriétaire, fière de son bien nous invite à prendre le café. Mamie, épouse et petits enfants se joignent à nous dans une discussion silencieuse à base de sourires et de gestes. Notre indonésien est bien maigre, et leur anglais est assez pauvre. Notre hôte essaye quand même, armé de son dictionnaire anglais-indonésien. Heureusement que les sourires sont un langage universel ! Terima kasih pour le kopi. Lors de notre virée en Hondine enième du nom, nous nous arrêterons aux Stones Chairs qui auraient été des chaises de jugement et d’exécution des malfrats. La légende raconte que c’est peut être aussi simplement des chaises où les anciens se retrouvaient pour tailler bavette. On préfèrera la première version, plus sensas’ !

 

Hop, un petit « bus de nuit » de 16h et nous voici à Bukittinggi. En Bref, le bus : 2h30 de retard au départ, des sièges crasseux, inconfortables, une froid polaire de clim, des toilettes qu’on se passera de visiter, l’enfant qui vomi. On ne s’étend pas sur le sujet : #piretrajetdepuisledépart…

Nous partons à la rencontre de Joni, notre guide qui nous mènera à Rafflesia, une des plus grosses fleurs au monde !!! Celle que nous avons vu ne mesure que 80cm de diamètre, un petit modèle selon Joni… Super beau ! Ici à Bukittinggi nous avons quitté les Batak pour le peuple Minankgabau. La différence ?? Les pointes du toit sont dans l’autre sens et y’en a plus ! Cette fois-ci, c’est une histoire un peu glauque de combat de buffles d’eau (minang signifiant vainqueur et kabau buffle). Très jolies baraques en bois, encore une fois. Une petite virée en scooter nous permettra d’en voir un certain nombre. On a aimé aussi les mosquées toutes colorées dans les fonds de vallée au milieu des rizières. Partons maintenant à l’assaut du Gunung Merapi avec Roni et Al qui seront nos deux guides pour ces deux jours. Le principe de guide ne doit pas avoir la même signification en Indonésie et en France… Ils ne font pas tellement pro… Ils sont assez lents, chargés comme des mules, enfin surtout Al’ car Roni, lui, ne porte presque rien. On s’arrête toutes les 20 minutes car Al’ a des crampes… Ne voulant pas rater le coucher de soleil, on prend les voiles, profitons du spectacle et les attendrons 1h au sommet. La nuit est carrément tombée, on commençait sérieusement à s’inquiéter. Heureusement ils sont super sympa et on aura passé une belle soirée. Le lendemain, c’est lever de soleil au sommet, magnifique !

Nous nous enfoncerons un peu plus dans les terres dans la vallée d’Harau et ferons étape au Abdi homstay, une chouette guesthouse avec des bungalows tout mignons, au pied d’une falaise immensément étourdissante. La vallée est propice à l’escalade parait-il ! Très bien, allons tester cela. Accompagnée de notre petite guide du jour, Julie, nous grimperons en toute sécurité quelques voies pour prendre de la hauteur. Les bras et les mains chauffent, quel bonheur de grimper à nouveau depuis tout ce temps ! Le niveau est là, pour toutes les deux, Audrey qui n’en n’a jamais fait en extérieur est plutôt à l’aise et agile. Ca promet de belles sortie en rentrant en France : attention aux Jacquinades à venir petite ! Ce jour-là, c’est le premier jour où nous pouvons constater un phénomène dont nous avions entendu parler mais jamais observé. La vallée est complètement bouchée par une brume tenace et très épaisse. Il s’agit en fait de la fumée des feux de jungle allumés par les paysans afin de permettre de planter des palmiers à huile… Et oui l’Indonésie est un des pays majeurs de production d’huile de palme… Quelle désolation… le soleil n’arrive pas à percer, on le devine rouge feu à travers la fumée, l’ambiance est particulière. Ca déchire d’autant plus le cœur que nous venons de voir les orangs-outans s’épanouirent dans leur habitat quelques jours auparavant… (Même si l’un d’entre eux à voulu nous tuer). Bien sûr nous sommes tous conscients de la situation, mais là, sur place, la réalité est brutale. En plus d’un désastre écologique, c’est un problème de santé publique et nous nous verrons distribuer des masques par l’armée (ce qui nous vaudra une séance photo un peu étrange menée par les militaires, et oui 2 blanches sur un tuk tuk avec des masques à pois, ça vaut la photo). Les locaux sont habitués à cette situation mais nous garderons quand même l’image de cette école où tous les enfants s’amusaient masqués dans la cours de récré. Cette fumée ne nous quittera pas tout au long des 142km que nous avons faits depuis la vallée d’Harau jusqu’à Padang, rendant tous les paysages tristement opaques. Cette ville qui est notre dernière étape indonésienne garde les traces d’une colonisation Néerlandaise avec ses bâtiments coloniaux délabrés par les séismes et réhabilités en hôtel et restaurant. Après les yogis à Bali, les Batak au lac Toba, les Minangkabau à Bukittinggi, nous avons eu la chance de découvrir le peuple des surfeurs à Padang. En effet, cette ville est le temple des surfeurs (majoritairement australien) qui partent se faire un fix sur les îles Mentawaï et notre auberge était leur repère !!!! Nous nous sommes bien amusés à les observer, tous exactement semblables avec leurs cheveux blonds et leur casquette. Notre dernier repas indonésien sera une franche réussite : Padang est la capitale culinaire à Sumatra. Au menu du riz !!! Ahaha et surtout quelques autres mets très fameux.

 

Il est temps pour nous de quitter l’Indonésie. Après ces 2 mois passés, nous n’avons pu qu’entrapercevoir la diversité et la richesse que ce pays possède. Terima Kasih ! C’est vrai qu’à certains moments, il nous a un peu mises à bout… L’absence d’éducation sur les questions environnementales, les déchets jetés par tout par terre par tous et qui jonchent tous les paysages, l’odeur pestilentielle qui les accompagne… le brouhaha des mosquées qui te poursuit partout, que tu sois en ville ou tout en haut d’un volcan, les toilettes crasseuses, le manque d’hygiène, la redondance des repas (merci le mi/nasi goreng), les regards insistants, les photos incessantes… Mais au-delà de ça, on retient par-dessus tout la gentillesse et l’accueil des gens, peu importe la religion, la bonne entente et l’entraide si faciles entre eux, peu importe leur religion… le sourire qu’ils ont constamment aux lèvres et qu’on a envie de coller sur celles des français, la beauté des indonésiens, les paysages variés, et même, leur conduite… comment la qualifier, sportive ? Dangereuse ? Chaotique ? Mais avec laquelle, étonnamment, même si toi tu sers très fort les fesses sur ton fauteuil, ça passe toujours… C’est un orchestre bordélique mais très bien accordé et surtout, sans jamais une once d’énervement et ça, qu’est-ce que ça fait du bien !!

 

Nous sommes contentes d’avoir pu apprécier les différences de ces 6 îles visitées. Allez, il n’en reste plus que plusieurs milliers à visiter…

 

Maintenant, Selamat Pagi la Malaisie (ça tombe bien ça se dit pareil) ! Par contre, pour échapper au son des mosquées, ce n’est pas pour tout de suite !

 

Cela fait quelques jours que nous sommes à Kuala Lumpur, cette grande ville nous fait beaucoup de bien. Malheureusement, la brume opaque de Sumatra nous a suivie jusque là…

 

Bisous à tous,

 

Alice et Audrey.